Depuis 2 ans, la province de Maindombe est devenu le théâtre des conflits inter-ethniques entre les TEKE (qui s’estiment être les premiers occupants des lieux) et les Yaka (non originaires de la région).
Ces conflits ont créé un climat de terreur et de violence qui se traduisent par des déplacements des populations, des pertes en vies humaines, des pertes de moyens de subsistance, des maisons incendiées, des tueries, des pillages, des messages de haine, un sentiment prédominant d’insécurité, malnutrition aigüe, violences basées sur le genre et exploitation sexuelle des femmes et des filles.…
Même après les efforts du Gouvernement Congolais et des Organisations humanitaires, la situation s’est légèrement améliorée sans toutefois se terminer totalement. Les conséquences de cette situation sont désastreuses pour la population. Elles vivent dans des conditions extrêmement précaires dans dans les camps des déplacés érigés à cet effet à Maluku et provinces voisines et souffrent d’un manque d’accès aux services sociaux de base (santé, alimentation, logement, scolarisation des enfants).
Cela a un impact grave sur la vie des femmes et des filles qui sont affectées doublement par des violences sexuelles et basées sur le genre, des exploitations et abus sexuels mais aussi par la précarité, la vulnérabilité de leur situation. Alors que les Femmes et les filles sont les premières victimes de toutes ces guerres, elles sont souvent oubliées sur les tables de négociations formelles et informelles et subissent les résolutions prises par d’autres parties. Souvent, les femmes sont perçues comme des victimes ayant besoin de protection enoubliant leur rôle en tant que prestataires de première ligne lors des affrontements. Hormis leur rôle de mère au foyer, les femmes sont appelées à se préparer à prévenir, à dénoncer et à gérer les conflits mais aussi à lutter contre les discours de haine et d’incitation à la violence.
C’est dans ce cadre que la plate-forme « SAUTI YA MAMA MUKONGOMANI » en consortium avec le CAFED a organisé un forum provincial d’élaboration des cahiers de charges ou Agenda « Femme Paix et Sécurité », dans le cadre de la mise en œuvre du projet : « d’appui au rôle des femmes médiatrices et Ambassadrices de Paix » financé par Women Fund Peace and Humanitarian (WFPH) à travers CORDAID à Maindombe (à Maluku/Kinshasa), et 4 dans autres provinces ciblées par le projet à savoir ; le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, l’Ituri, le Tanganyika.
- Le forum provincial d’élaboration de l’agenda « Femmes, paix et sécurité » pour la province de Maindombe s’est déroulé à Kimpoko, dans la commune de Maluku à Kinshasa, du 12 au 13 décembre 2023. Elle a connu la participation de plus de 30 femmes et filles. Ce forum a porté sur ; bref rappel sur la Résolution 1325, l’Engagement des femmes dans le processus de consolidation de la paix, rappel sur les techniques de Plaidoyer, analyse du contexte sécuritaire provincial, et en suite il y a eu des travaux en groupe et l’élaboration de la stratégie de plaidoyer.
Le travail avec les femmes de Kwamunth, s’est bien déroulé et elles ont exprimé leurs besoins en termes de paix, de sécurité et protection. Elles sont identifiés un problème clé, cause du manque de paix dans leur région qui est la guerre entre les Teke et les Yaka et proposer des pistes de solution suivant :
Solutions : Organisation d’un dialogue communautaire et politique entre les Teke et les Yaka en vue de l’instauration d’un climat de paix et cohésion sociale entre les deux tribus : avec la participation de toutes les parties prenantes : gouvernement national, gouvernement provincial, Administrateur de Territoire, chefs de secteur, chefs de groupement, chefs de village, leaders communautaires, chefs coutumiers, société civile, associations des mamans, associations des jeunes, ACHACO, pasteurs ; ONG …. Députés, sénateurs (de 2 tribus yaka et Teke) et autres personnes-ressources pouvant aider dans la facilitation.
- Mener des campagnes de sensibilisation des communautés sur le « Vivre Ensemble ».
- Mener un plaidoyer auprès Bourgmestre de Maluku, Gouverneur de la ville de Kinshasa, le Chef de l’Etat pour la mise en place d’un fonds pour l’épargne et crédit en vue de faciliter l’accès aux sources de revenus sûres et durables afin de subvenir aux besoins immédiats des populations.
- Mener un plaidoyer auprès des autorités politico-administratives locales et nationales pour des : mesures et actions de sécurisation de la province. Mesures et actions pour des terres afin de la fixation des populations (un endroit où rester).
Les femmes de Maindombe se disent être prête à travailler en synergie pour la paix et la sécurité de leurs contrées.